AWOUL RAPHAËL/ CAMERÚN/ EDICIÓN BILINGÜE ESPAÑOL - FRANCÉS/ POR: JUSTINE TEMEYISSA PATALÉ/CAMERÚN/LA CASA QUE SOY

 


1.-

El Nuevo Diluvio


Hoy me despierto, el agua hasta la nariz.

No encuentro mi moneda de oro,

Ni mi abrigo, ni siquiera mi grano.

El diluvio... El diluvio me ha pillado por sorpresa.

Esta vez no fuimos advertidos.


Afuera, se llora, se grita, se lamenta.

No es el fin del mundo,

No como en los antiguos días de Noé.

¡No! Es la cólera de las aguas, de los árboles,

Es la venganza de la naturaleza.


Antaño, traicionamos a esta amiga.

La desgarrramos, la abrimos en canal,

Como las aguas rotas de una madre.

La ensuciamos, la violentamos,

Cegados por nuestra avaricia.


Ella se ha dado la vuelta.

Ella se ha levantado.

Ella se venga.

Ella llora.

Ella mata.


Y yo, impotente, grito el desastre.

La imploro con perpetua mascarada.


*

Le nouveau Déluge

Je me réveille aujourd’hui, l’eau jusqu’au nez.

Je ne retrouve plus ma pièce d’or,

Ni mon manteau, ni même mon grain 

Le déluge… Le déluge m’a pris par surprise.

On n’a pas été averti cette fois-ci 


Dehors, on pleure, on crie, on se lamente.

Ce n’est pas la fin du monde,

Pas comme aux jours anciens de Noé

Non ! C’est la colère des eaux, des arbres,

C’est la vengeance de la nature.


Autrefois, nous avons trahi cette amie.

Nous l’avons déchirée, éventrée,

Comme les eaux rompues d’une mère.

Nous l’avons souillée, violentée,

Aveuglés par notre avidité.


Elle s’est retournée.

Elle s’est levée.

Elle se venge.

Elle pleure 

Elle tue.


Et moi impuissant je cris le désastre 

Je l'implore avec mascarade perpétuel


2.-

Mi Mundo Preso


Sólo lluvias que caen y nos inundan,

Sólo males que brotan y nos hacen perecer,

Sólo injustos que tejen leyes y reglas,

Sólo débiles que perecen bajo la cólera de los fuertes.


Ojos incapaces de ver la desdicha del mundo,

Corazones sin corazón, desprovistos de toda humanidad,

Los poderosos que se enriquecen con el llanto de los condenados de la tierra,

Y como Dios, la justicia de la naturaleza se derrama sobre todos.


La bendición caída del cielo quisiera borrar todos estos males;

El agua sumerge, llevándose la implacabilidad de los hombres.

La desnudez de las tierras nos priva de lo que da vida;

La aridez quiere secar y dejar a los buitres el sadismo.


Mientras tanto, los hombres se baten,

Se bombardean, se matan entre sí y se deshumanizan.

Violan, dejan hambrientos, apuñalan y destruyen.

El hombre destruye: destruye la naturaleza, y todo se desvanece.


*

Mon monde en proie


Que des pluies qui tombent et nous envahissent

Que des maux qui jaillissent et nous font périr

Que des injustes qui tissent lois et règles

Que des faibles qui périssent sous la colère des forts


Des yeux incapables de voir le malheur du monde

Des cœurs sans cœur, dépourvus de toute humanité

Les puissants qui s'enrichissent aux pleurs des damnés de la terre

Et comme Dieu, la justice de la nature se déverse sur tous


La bénédiction tombée du ciel voudrait effacer tous ces maux;

L'eau submerge, emportant l'impitoyabilité des hommes.

La nudité des terres nous prive de ce qui donne vie;

L'aridité veut sécher et laisser aux vautours le sadisme.


Pendant ce temps, des hommes se battent,

Se bombardent, s'entretuent et se déshumanisent

Ils violent, laissent affamés, poignardent et détruisent

L'homme détruit : il détruit la nature, et tout s'envole.


3.-

El Inocente Rebelde


En la inocencia de la naturaleza,

El hombre vierte su perversidad.

Destruye su garante de vida:

Su amiga, su fuente de supervivencia.


Con sus manos convertidas en armas,

Separa la naturaleza de su esencia,

Le arrebata su precioso tesoro,

Y vierte en ella su fuente de daño.


Como el colono, la ha destruido;

Como el amante, la ha traicionado.

Todo se transforma, todo cambia:

La naturaleza se convierte en un misterio,

Y el hombre, en un tarado,

Herido por la calamidad.


*

L'innocent révolté


Dans l’innocence de la nature,

L’homme déverse sa perversité.

Il détruit son garant de vie :

Son amie, sa source de survie.


Par ses mains devenues armes,

Il sépare la nature de son essence,

Lui retire son précieux trésor,

Et y verse sa source de nuisance.


Comme le colon, il l’a détruite ;

Comme l’amant, il l’a trahie.

Tout se mue, tout change :

La nature devient un mystère,

Et l’homme, un taré,

Meurtri par la calamité.


4.-

 Reino de Llantos


Qué bello es este calor y este sol de invierno,

Qué maravilloso es este frío y esta nieve de verano.

Qué inquietante es este mundo al revés y mutable,

Donde todo se tambalea, se calla y se transforma.


Veo buitres festejando sobre osamentas,

Las sierras roen la madera, extienden la industria.

Los ríos se secan, los arroyos se desvanecen,

La naturaleza, despoblada, llora en silencio.


Bienvenido al reino de los llantos.

Los hombres lloran su impotencia,

Pero también las avalanchas que han sembrado.

Los árboles lloran sus raíces arrancadas,

El océano llora sus venenos perdidos,

Sus olas, antaño luminosas y danzarinas,

Arrastran los desechos del mundo.

El león llora, su reino derrumbado,

Devorado por las llamas, las hachas, el hambre.


Y la batalla continúa,

De hombres, implacables con la naturaleza;

Y la naturaleza, de nuevo un misterio para el hombre.


*

Royaume des pleurs

Que c’est beau, cette chaleur et ce soleil d’hiver,

Que c’est merveilleux, ce froid et cette neige d’été.

Que c’est troublant, ce monde à l’envers et muable,

Où tout bascule, se tait et se transforme.


Je vois des vautours festoyer sur des ossements,

Les scies rongent le bois, étendent l’industrie.

Les rivières tarissent, les ruisseaux s’effacent,

La nature, dépeuplée, pleure en silence.


Bienvenue dans le royaume des pleurs.

Les hommes pleurent leur impuissance,

Mais aussi les avalanches qu’ils ont semées.

Les arbres pleurent leurs racines arrachées,

L’océan pleure ses poisons perdus,

Ses vagues, autrefois lumineuses et danseuses,

Charrient les déchets du monde.

Le lion pleure, son royaume effondré,

Dévoré par les flammes, les haches, la faim.


Et la bataille continue,

Des hommes, impitoyables envers la nature ;

Et la nature, redevenue mystère pour l’homme.


5.-

 Responsabilidad Colectiva


Producimos, comemos, nos desarrollamos;

Rechazamos, destruimos, corrompemos.


Construimos: la ciudad es bella.

Destruimos: la naturaleza se rebela.


Calentamos, nos expandimos;

Cortamos, quemamos.


Cultivamos, nos enriquecemos.

El bosque se desvanece, el cielo en desolación.


Pescamos, y pescamos contra la naturaleza;

Las olas se convierten en podredumbre.


Todo se seca, todo se transforma.

El hombre llora, vientre hambriento, desnudo.


Todo se sumerge, todo se hunde.

El hombre, víctima, recoge sus desdichas.


Entonces todos son víctimas. Lloran.

El hombre grita; la naturaleza, silenciosa.

Y todo se derrumba, todo se desmorona.


*

 Responsabilité collective


On produit, on mange, on se développe ;

On repousse, on détruit, on corrompe.


Nous construisons : la ville est belle.

Nous détruisons : la nature se rebelle.


Nous chauffons, nous élargissons ;

Nous coupons, nous brûlons.


Nous cultivons, nous nous enrichissons.

La forêt s'efface, le ciel en désolation.


Nous pêchons, et pêchons contre la nature ;

Les vagues deviennent pourriture.


Tout sèche, tout se mue.

L’homme pleure, ventre affamé, nu.


Tout s’immerge, tout coule.

L’homme, victime, récolte ses bâcles 


Alors tous sont victimes. Ils pleurent.

L’homme cris ; la nature, silencieuse.

Et tout s’effondre, tout s’écroule.


***





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1 comentarios

  1. Buena selección de poemas la que nos dejas. Un libro a tener en cuenta.

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