KEPA MURUA/ ESPAÑA/ EDICIÓN BILINGÜE ESPAÑOL - FRANCÉS/ POR: JUSTINE TEMEYISSA PATALÉ/ CAMERÚN/LA CASA QUE SOY


NO SOMOS EL PASADO


No somos el resultado de nuestro pasado.

Somos el nombre y poco más.

Ese más que parece poco

pero que es mucho,

como la bondad que nos queda,

la humildad que nos convence de ser lo que somos

o la alegría que nos visita cada cierto tiempo.

Somos lo que nos dejan.

Pero no somos ni nuestros padres

ni nuestros abuelos.

Ni nuestros hermanos ni los amigos.

Somos soledad y olvido

mientras algunos nos recuerdan.

Amabilidad y ofrecimiento

con el paso de los años.

Cielo sobre un río.

Suelo bajo nuestras cabezas.

Infierno que existe en el dolor ajeno

cuando somos más porque callamos.

Paz que nos ilumina,

abismo que nos aleja también de nosotros,

amor que sentimos,

serenidad que descubrimos.

Somos mar y viento, polvo y herida.

Huella y silencio.

Niebla y ceniza.

Duda derramada a través del tiempo

cuando escuchamos un nombre

–el nuestro–

y volvemos a ese del que habíamos huido.

Ese que se fue un día cuando extravió

el rumbo la conciencia,

tanto como el de los acontecimientos.

Somos hambre y comida para otros.

Sed y agua para quien quiera conocernos:

vida que se dirige a la muerte

para quien nos necesite

porque no somos

sino parte de un todo que nos pertenece

aun no sabiendo lo que somos.


*

NOUS NE SOMMES PAS LE PASSÉ


Nous ne sommes pas le résultat de notre passé.

Nous sommes le nom et rien d'autre.

Ce qui semble peu

Mais qui est beaucoup,

comme la bonté qui nous reste,

l'humilité qui nous convainc d'être ce que nous sommes

ou la joie qui nous rend visite de temps en temps.

Nous sommes ce qu'ils nous laissent.

Nous ne sommes pas nos parents.

ni nos grands-parents,

ni nos frères, ni nos amis.

Nous sommes la solitude et l'oubli

Malgré que certains se souviennent de nous.

La gentillesse et l'offre

au fil des ans.

Ciel sur une rivière.

Le sol sous nos têtes.

L'enfer qui existe dans la douleur d'autrui

quand nous existons plus parce que nous nous taisons.

Paix qui nous éclaire,

l'abîme qui nous éloigne aussi de nous,

l'amour que nous ressentons,

la sérénité que nous découvrons.

Nous sommes la mer et le vent, la poussière et les blessures.

Trace et silence,

brouillard et cendres.

Doute déversée à travers le temps

quand nous entendons un nom

- le nôtre -

et nous retournons à ce que nous avions fui.

 Celui qui est parti un jour où la conscience s'est égarée, 

autant que celle des événements.

Nous sommes la faim et la nourriture pour les autres.

Soif et eau pour ceux qui veulent nous connaître :

la vie qui s'adresse à la mort

pour ceux qui ont besoin de nous

parce que nous ne sommes

qu'une partie d'un tout qui nous appartient

même si nous ne savons pas ce que nous sommes.



LA GENTE


Cuando no se escuchaba lo que se decía

parecía que el mundo estaba en su sitio.

Cuando no se pensaba en lo que se hacía,

que era bello y hermoso.

Y cuando no se pensaba demasiado,

que era el mejor de los lugares del planeta.

Y, sin embargo, no solo no era así,

sino que existían otros equívocos.

A saber: cuando los negros cantaban

pero no podían hablar

o cuando los poetas no podían bailar

delante de los demás.

O cuando los hijos no podían abrazar a sus padres.

Podría parecer que sucedió hace muchos años.

Podría, pero no es así. 

Así que ya no estamos ante esos cuando.

Ni tampoco ante esos cuántos

que seguramente no se sabrán.

Podrían ser muchos, digámoslo en voz alta:

¿quinientos? ¿Cien? ¿Veinte? O ¿diez?

Mas cuando eso sucedía

el silencio no era el de hoy.

La gente andaba despacio

y escuchaba de otra manera.

Ahora todo va rápido

y en un segundo todo se viene abajo:

todo parece perdido o mucho peor

que en ese principio en el que unos no eran iguales a otros

y algunos dictaban las leyes a su antojo.

Pero no lo olvidemos, seamos rápidos

o lentos, estemos en medio,

al principio o al final, cuando los hombres cantan

el mundo es sencillo y es hermoso.

Y cuando las mujeres cantan es más bello aún.


*

Les gens


Quand on n'écoutait pas ce qu'on disait

on aurait dit que le monde était à sa place.

Quand on ne pensait pas à ce qu'on faisait,

qu'il était beau et beau.

Et quand on ne réfléchissait pas trop,

c'était le meilleur des endroits de la planète.

Et pourtant, non seulement ce n'était pas le cas,

il y avait d'autres malentendus.

Quand les Noirs chantaient

mais ils ne pouvaient pas parler

quand les poètes ne savent pas danser

devant les autres.

Ou quand les enfants ne pouvaient pas embrasser leurs parents.

Il semblerait que cela se soit produit il y a de nombreuses années.

Il se pourrait, mais ce n'est pas le cas.

Donc, nous ne sommes plus en face de ceux-là.

Même pas devant ces gens-là.

qu'ils ne sauront sûrement pas.

Ils pourraient être nombreux, disons-le à voix haute :

Cinq cents ? Cent ? Vingt ? Ou dix ?

Mais quand cela arrivait

le silence n'était pas celui d'aujourd' hui.

Les gens marchaient lentement

écoutaient autrement.

Maintenant, tout va vite.

en une seconde, tout s'écroule :

tout semble perdu ou bien pire.

que dans ce principe où les uns n'étaient pas égaux aux autres

et certains dictaient les lois à leur guise.

Mais ne l'oublions pas, soyons rapides.

ou lents, soyons au milieu,

au début ou à la fin, quand les hommes chantent

le monde est simple et beau.

Et quand les femmes chantent, c'est encore plus beau.


DOS PUERTAS 


Tiene el amor dos puertas:

una que se abre cuando no se dice nada

y otra que se cierra

cuando se escucha lo que se calla.

Dos puertas en silencio:

una con sombra en medio del sol,

otra con luz bajo la luna

redonda y clarividente.

¿Cuál de ellas será la de tu casa?

¿Cuál de ellas cuando dices que amas,

pero al mismo tiempo lo niegas?

¿Cuál cuando no perdonas?


*

Deux portes 


L'amour à deux portes:

Une qui s'ouvre quand on ne dit rien

une autre qui se ferme

quand on entend ce qui se tait.

Deux portes en silence :

une ombre au milieu du soleil,

une autre avec de la lumière sous la lune

ronde et clairvoyante.

Laquelle d'entre elles sera celle de votre maison ?

Laquelle d'entre elles quand tu dis que tu aimes,

mais en même temps tu le nies ?

Laquelle quand tu ne pardonnes pas ?


***

Kepa Murua (Zarautz, 1962) es ensayista y narrador, pero sobre todo poeta. Una trayectoria de más de treinta años y una veintena de títulos lo han consolidado como una de las voces más singulares de la poesía en castellano.

Sus últimos libros de poesía publicados son Pastel de nirvana (2018), El cuaderno blanco (2019), Trilogía del corazón (2021), Canciones para Pau Donés (2022) y ¿Dónde? (2023).

 


Kepa Murua (Zarautz, 1962) est essayiste et narrateur, mais surtout poète. Un parcours de plus de trente ans et une vingtaine de titres l'ont consolidé comme l'une des voix les plus singulières de la poésie en espagnol.

Ses derniers livres de poésie publiés sont Pastel de nirvana (2018), El cuaderno blanco (2019), Trilogía del corazón (2021), Canciones para Pau Donés (2022) et ¿Dónde? (2023).

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